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Les brumes affamées

aux éditions du Chat Noir

« Cette maison, elle affecte les gens normaux. Toute la montagne est infectée par les ténèbres. C’est insidieux. Comme un poison qui remonte tout doucement jusqu’au cœur. Rien ne survit ici. Plus rien ne survit, ici. »

    Ses trois arcs narratifs se rejoignent. L’intrigue se nourrit d’une atmosphère fantomatique, la brume s’insinue dans les esprits des personnages et trouble les lecteurs. Une fièvre démoniaque nous entraîne à tourner les pages avec une hâte presque désespérée.

    Cette fiction gothique révèle la bataille de trois personnages féminins contre les ténèbres et elles-mêmes. 

    Je recommande ce livre, je l’ai tellement aimé.

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    Ashwood

    aux Éditions du chat noir

    « Pendant que nous nous dirigions vers la serre, j’admirais le cadre de métal rouillé, les vitres cassées et les planches ravagées par le temps. Tout était vieux et usé, mais il y avait quelque chose d’exceptionnel là-dedans. Savoir que tout ici racontait une histoire et que cette histoire avait été oubliée faisait résonner quelque chose en moi. »

    Ashwood est un récit à l’ambiance sombre et gothique, destinée à un public young adult. L’histoire fluctue entre rêve et existence, et enveloppe le lecteur d’une brume énigmatique. Les premiers chapitres m’ont captivée : l’idée d’un hôpital psychiatrique en ruines et mon enthousiasme pour l’urbex, le concept m’avait séduit. Notons aussi que la couverture a un attrait visuel indéniable. À mi-chemin, cependant, l’essor narratif faiblit et plonge dans l’invraisemblance. La narration visuelle de l’auteure atténue considérablement la dimension horrifique. Du point de vue mythologique, la juxtaposition des rêves, des mythes slaves et des sciences m’ont embrouillé l’esprit. La trame narrative s’éparpillait dans tous les sens sans parvenir à créer un réel fil conducteur. Willow m’a semblé trop effacée, et les personnages manquaient de profondeur selon moi. Cette lecture en demi-teinte pourrait bien charmer un auditoire adolescent…

    NB : Je n’aime pas émettre un avis négatif sur un livre car je sais que le travail d’un auteur est long et fastidieux. Chaque lecteur a sa propre perception, sa sensibilité. Certains livres sont encensés par d’autres, mais ils ne m’ont pas touché, peut-être parce que c’était pas le bon moment ou parce que je ne faisais pas partie du public visé. Pour vous faire votre propre opinion, lisez-le.

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    Gallant

    aux éditions Lumen

    « Au-dessus de la tête de la jeune fille, le crépuscule s’est évanoui, le ciel est désormais d’un noir d’encre. Ni lune ni étoiles. Malgré tout, il n’est pas vide. Non, on dirait un lac, une vaste étendue d’eau sombre. Le jour d’obscurité qui trompe l’œil, qui fait voir des choses là où il n’y a rien et en rater d’autres qui sont bien présentes. Le genre de ténèbres qui habitent des endroits qu’il vaudrait mieux ne pas regarder, de peur d’apercevoir des yeux qui vous épient. »

    L’esthétique du livre est remarquable, tandis que les illustrations dessinées au crayon noir, pleines de mystère, rehaussent la dimension poétique du journal intime.

    Gallant est un conte gothique, mystérieux et étrange. Le manoir habite le cœur central de l’histoire comme une entité vivante. À la manière des contes macabres d’Edgar Allan Poe, les différents protagonistes valsent constamment avec le spectre de la mort. Olivia Prior, jeune orpheline en quête d’une famille, m’a doucement entraîné dans son univers silencieux, mais vibrant. L’histoire est douce, belle et triste. L’autrice nous raconte cette œuvre avec une grande émotion et une part de suspense. La prose s’avère introspective, l’expression rayonne de poésie et de métaphore sans que cela devienne horrifique. En revanche, j’ai souvent eu l’impression de déambuler dans le manoir, sans jamais vraiment progresser dans l’histoire, laissant un parfum inachevé.

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    Noblesse Oblige

    aux Éditions Slalom

    « Voilà comment on endort un peuple. Chaque année, on fait miroiter une forme d’ascension sociale à quelques jeunes roturières, la perspective d’un beau mariage, d’un nom, du confort matériel. Chacun peut imaginer sa fille, sa nièce, sa sœur dans cette femme anonyme. S’ils ont un garçon, il peuvent le penser susceptible d’obtenir un titre et des terres en se distinguant au sein de l’armée dans l’émission u nom du Roy, diffusée chaque hiver. Voilà ce qui les pousse à accepter une vie de misère et une après-midi de libre par semaine : l’infime espoir que leurs enfants pourront améliorer leur condition. »

    L’œuvre de Maiwenn Alix, à travers le prisme de la téléréalité, peint une société uchronique et une quête effrénée dans un monde bien plus sinistre qu’il n’y paraît. Ce livre m’a envoûté et s’inscrit dans ma liste de lectures préférées pour cette année. Le récit est fascinant, extraordinaire, provocant et impossible à lâcher.  En raison de contenus violents et sexuels explicites, ce roman est réservé à un public averti. 

    J’ai pris plaisir à suivre le parcours de Gabrielle dans un jeu aux apparences trompeuses. Le style littéraire est magnétique et fluide. Le développement du récit est subtil et parfaitement agencé. La tension s’intensifie progressivement, l’intrigue se densifie jusqu’à une apothéose horrifique. Ce récit est un savant amalgame entre une enquête, des complots politiques et une manipulation médiatique. Gabrielle incarne une héroïne intelligente, audacieuse et détonne par rapport aux stéréotypes traditionnels. J’espère vraiment une suite, car la fin soulève de nombreuses questions.

    Et vous, laisserez-vous tenter par une exploration du château de Versailles et de ses secrets enfouis !

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    Le Sang des Parangons

    Le Sang des Parangons, de Pierre Grimbert,

    aux éditions Mnémos

    – Vous parliez d’un malaise dans ces couloirs. Si c’est la même chose qui donne force à mes visions, si vous les ressentez aussi, ça ne peut pas être qu’une histoire d’ambiance glauque, n’est-ce pas ? Il y a autre chose. J’en suis certaine.

    Xack acquiesça lentement.

    – Quelqu’un a un jour déclaré cette montagne « sacrée ». Il devait bien y avoir une raison.

    – Et les autres parangons ? reprit-elle. Vous pensez qu’ils le ressentent aussi ?

    L’arbalétrier se retourna sur la salle et ses campements improvisés. Les Urkhans et les chevaliers d’airain discutaient entre eux en s’espionnant du coin de l’œil. D’autres, neutres ou indécis, s’étaient réunis autour d’un troisième bivouac pour étaler leurs différences. Quelques solitaires tentaient de prendre du repos, comme le bonze au corps nu ou la mage des îles laiteuses. Marader faisait les cent pas devant le chemin qu’ils auraient à emprunter ensuite, en espérant toujours y voir réapparaître la duchesse d’Argent. Mais les éclaireuses n’étaient pas revenues de leur mission. Peut-être avaient-elles également dressé un campement, beaucoup plus loin. Ou peut-être pas.

    – Ils le ressentent, garantit Xack. Tout le monde ici subit l’influence de cette roche maudite par des millénaires de massacres. Et plus nous allons avancer, pire ce sera.

    Il plongea alors son regard dans celui de la prêtresse, ranimant les craintes qui l’habitaient.

    – Préparez-vous, dès maintenant. Je le répète : toutes les batailles se gagnent d’abord dans la tête.

    Résumé

    Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée. Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs.Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire. Mais combien de parangons verront leur sang versé sur le chemin, pour permettre aux autres de continuer ? En restera-t-il un seul, qui pourra prouver que l’humanité mérite vraiment d’être sauvée ?

    Avis


    Mon avis est en demi-teinte à cause de la lourdeur du style et de l’ambiance écrasante. L’articulation principale de l’intrigue se base sur la réflexion. Toutefois, l’histoire tirait sa force d’un personnage différent pour chaque chapitre, exposant leurs parcours, leurs analyses et les raisons qui les poussaient à être là. La montagne sacrée respire d’une énergie singulière, guidée par ses propres règles et mystères. J’observais avec fascination comment les parangons allaient surmonter les épreuves imposées par la nature, les créatures tapies dans l’ombre, et leurs propres dérives mentales. À chaque tournant du récit, l’ombre de la mort plane, teintant le texte d’une lutte pour la survie. J’ai beaucoup apprécié la complexité des personnages, de l’arrogance des uns aux prières que suscite la fragilité des autres. Par-dessus tout, cette odyssée humaine oppressante tente de saisir le divin, pourtant quelle déception face à la conclusion. J’espérais une révélation spirituelle, une interaction avec le sacré, mais le dénouement ne livre qu’un portrait désenchanté de notre société.

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    La fille dans la tour

    La fille dans la tour,

    écrit par Katherine Arden, aux éditions Denoël

    « Dans une forêt, en pleine nuit, une jeune fille chevauchait un cheval bai. La forêt n’avait pas de nom. Elle était située très loin de Moscou – très loin de tout – et l’on n’entendait que le silence de la neige et les bruissements des arbres gelés.

    Il était presque minuit, cette terrifiante heure magique, dans cette nuit que menaçaient le froid, la tempête et les profondeurs d’un ciel aveugle. Et pourtant, la jeune fille et son cheval progressaient à travers les arbres, obstinément. »

    Résumé

    La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

    Avis


    Contrairement au tome 1, La fille dans la tour nous fait découvrir la Moscovie médiévale, avec ses contes et légendes empruntés au folklore, basé sur des faits historiques. Dans une langue fluide et ensorcelante, l’auteure nous livre une description documentée de la russe médiévale, d’ intrigues et de rivalités politiques au moment où la Russie est un état vassal de l’état Tatare. Il est question aussi d’esprit et de dieux disparaissant peu à peu devant la puissance de la religion chrétienne. Les êtres surnaturels s’amenuisent au détriment des chrétiens qui ne croient plus en leurs existences. L’auteure nous dépeint l’existence des femmes aristocrates recluses dans leur terem, d’enjeux politiques sans que le récit soit lourd ni ennuyeux et d’héritage familial. Ce deuxième opus est une réussite et une belle découverte qui m’a beaucoup séduite. Après les événements survenus dans son village, Vassia est partie à l’aventure dans les forêts froides pour découvrir le monde. Vassia n’étant pas disposée à suivre les directives de cette société, elle se déguisera en garçon et engendra sur son passage des situations impossibles. Impétueuse et aussi fougueuse que son cheval magique, Vassia nous entraîne dans une épopée riche en rebondissement avec un rythme trépidant. Sans oublier Morozko pour qui j’ai une certaine fascination. Pour notre plus grand bonheur, le démon du gel devient un personnage complexe qu’il en est attachant.

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    Les yeux du vide

    Les yeux du vide, écrit par Élodie Loisel

    « Sous les brumes argentées de couleur et de vie, se cache paisiblement l’ultime destin. Les pleurs silencieux des cyprès maudits, Chantonnent les ritournelles d’un manège sans fin.Un hymne, un chant, une prière s’élèvent, Le temps commence là où tout s’achève. Sur les marbres arborés de multiples visages, il ne restera de nous que le décompte de notre âge. Les rayons de la lune frôlent les tombes, Et la porte des mystères de l’autre monde. Entre les sépultures des défunts oubliés, il ne restera de nous que le souvenir du passé. Dans le brouillard et la pluie où danse la pénombre, Près de la nuit ou du jour, entre l’hiver et l’été, Plus rien ne perturbe le soir de cette immensité, Il ne restera de nous que le reflet de notre ombre. L’esprit froid, figé, à jamais perdu, Écoute au loin, une fois encore, le carillon teinter. Le sacre de la liturgie scelle cette austère statue, De ce corps fatigué par l’âme qu’il a dû porter. Dans les tréfonds de ma mémoire endeuillée, À tailler sur le bois de mon cercueil, A graver sur l’acier de ma croix, Ne restera de moi, Que l’amour que je t’ai donné. »

    Résumé

    Le 21 octobre 2014 à 15H55, le corps de Lucie Morin, âgée de 16 ans, est retrouvé dans le Saint- Laurent non loin de Montréal. Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2014, Cassy Kérié, jeune diplômée en médecine, célibataire de 27 ans voit sa vie bousculer lorsqu’elle est kidnappée et séquestrée dans un lieu nommé Silver Creek, un chalet de pêche dans le nord du Québec. Elle réussit à s’échapper. Lors de sa déposition, la jeune femme apprend que la maison où elle était retenue prisonnière a été détruite deux ans plus tôt par un incendie. D’un esprit rationnel, Cassy va être confrontée à des forces surnaturelles qui la dépassent quand elle s’aperçoit que Silver Creek a été la scène de crimes effroyables et sordides où cinq adolescentes ont perdu la vie. Déterminée à résoudre l’enquête, elle va devenir la proie d’une machination meurtrière. Et découvrir à ses dépends qu’il vaut mieux parfois laisser enterrer les secrets de famille. Cassy est-elle réellement sortie indemne de cette nuit traumatisante ? A-t-elle établi un lien avec le tueur défunt ?

    Mon avis


    Dès les premiers chapitres, le suspense est haletant. L’auteure réussit à mener son histoire tambour battant dans un thriller psychologique alliant avec forte dose le paranormal. Les personnages sont vraiment approfondis et le récit est riche de subtilité pour tromper le lecteur. Les chapitres défilent vite et au fur et à mesure les personnages se révèlent tous comme des potentiels suspects. Cassy enquête sur le meurtre de cinq jeunes filles et nous évoluons avec elle au fil de cette lecture par des révélations toujours surprenantes, ce qui rend la lecture vraiment addictive. D’histoires de famille enfouis à des meurtres aux atrocités sordides qui nous mène dans la ville maudite de Yukiton. J’ai essayé de lire modérément pour prolonger le plaisir mais impossible de résister à la plume de l’auteure et de connaître le dénouement de l’histoire. Par contre, j’ai trouvé la fin un peu trop rapide à mon goût.

    Les contes d’ Elfëllía