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Le Sang des Parangons

Le Sang des Parangons, de Pierre Grimbert,

aux éditions Mnémos

– Vous parliez d’un malaise dans ces couloirs. Si c’est la même chose qui donne force à mes visions, si vous les ressentez aussi, ça ne peut pas être qu’une histoire d’ambiance glauque, n’est-ce pas ? Il y a autre chose. J’en suis certaine.

Xack acquiesça lentement.

– Quelqu’un a un jour déclaré cette montagne « sacrée ». Il devait bien y avoir une raison.

– Et les autres parangons ? reprit-elle. Vous pensez qu’ils le ressentent aussi ?

L’arbalétrier se retourna sur la salle et ses campements improvisés. Les Urkhans et les chevaliers d’airain discutaient entre eux en s’espionnant du coin de l’œil. D’autres, neutres ou indécis, s’étaient réunis autour d’un troisième bivouac pour étaler leurs différences. Quelques solitaires tentaient de prendre du repos, comme le bonze au corps nu ou la mage des îles laiteuses. Marader faisait les cent pas devant le chemin qu’ils auraient à emprunter ensuite, en espérant toujours y voir réapparaître la duchesse d’Argent. Mais les éclaireuses n’étaient pas revenues de leur mission. Peut-être avaient-elles également dressé un campement, beaucoup plus loin. Ou peut-être pas.

– Ils le ressentent, garantit Xack. Tout le monde ici subit l’influence de cette roche maudite par des millénaires de massacres. Et plus nous allons avancer, pire ce sera.

Il plongea alors son regard dans celui de la prêtresse, ranimant les craintes qui l’habitaient.

– Préparez-vous, dès maintenant. Je le répète : toutes les batailles se gagnent d’abord dans la tête.

Résumé

Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée. Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs.Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire. Mais combien de parangons verront leur sang versé sur le chemin, pour permettre aux autres de continuer ? En restera-t-il un seul, qui pourra prouver que l’humanité mérite vraiment d’être sauvée ?

Avis


Mon avis est mitigé dans le sens où j’ai trouvé l’écriture lourde et l’atmosphère étouffante. L’intrigue est basée principalement sur la réflexion. Pourtant l’histoire était bien exploitée avec un personnage différent, contant leurs histoires, leurs raisonnements et leurs raisons de leurs présences dans cette aventure. La montagne sacrée est animée d’une vie propre avec ses codes et ses lois. J’étais intriguée de voir comment les parangons pouvaient s’en sortir, confrontés aux différents éléments de la nature, aux monstres cachés dans les couloirs, à leur propre folie. Il est question de survie puisque presque dans tous les chapitres, un personnage mourait dans d’atroces conditions. J’ai beaucoup aimé la psychologie des personnages entre ceux qui sont arrogants et d’autres pour qui on prie par peur qu’ils meurent. C’est avant tout une aventure humaine oppressante à la conquête des dieux mais ô combien, cette fin est décevante pour ma part ! Je m’attendais à un message spirituel, une rencontre avec les Dieux, un espoir vain alors que la fin résume bien la triste réalité de notre monde

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La Mer sans étoiles

La Mer sans étoiles, de Erin Morgenstern

chez Pocket

“Ça ne devrait pas être trop loin à pied, dit Mirabel. Désolée qu’il fasse si poésie aujourd’hui.

– Si quoi ? demande Zachary, pas sûr d’avoir bien entendu.

– Poésie, répète Mirabel. Le temps. On dirait un poème. Où chaque mot est plus qu’une chose à la fois et tout est métaphore. Où le sens est condensé dans le rythme, les sonorités et les espaces entre les phrases. Tout est intense et mordant, comme le froid et le vent.

– Vous pourriez simplement dire qu’il fait froid.

– Je pourrais, oui.”

Résumé

” Aucune histoire ne s’achève jamais vraiment tant qu’elle continue à être racontée. ” Dans la bibliothèque de son université, Zachary Ezra Rawlins trouve un livre mystérieux, sans titre ni auteur. Découvrant avec stupéfaction qu’une scène de son enfance y est décrite, il décide d’en savoir davantage. C’est le début d’une quête qui le mènera à un étrange labyrinthe souterrain, sur les rives de la mer sans Étoiles. Un monde merveilleux fait de tunnels tortueux, de cités perdues et d’histoires à préserver, quel qu’en soit le prix…

Avis


La mer sans étoiles est un livre de songes quelque peu nébuleux où les histoires nouvelles s’imbriquent dans les anciennes et se diffractent en fragments de mythes perdus, en légendes oubliées qui à leur tour se tissent et se recoupent jusqu’à boucler la boucle. Les livres sont importants puisque chaque histoire devient une réalité. Ce monde où le temps s’écoule différemment renferme bien des mystères. Un voyage littéraire et unique que l’auteure maîtrise à la perfection. C’est funambulesque à souhait pour un livre onirique. L’écriture est irréelle, inventive et bien structurée. Je ne me suis pas perdue un seul instant. Zachary est attachant mais je ne suis pas sûre d’avoir bien compris la fin. Je reste cependant avec des questions sans réponse. Si vous aimez les livres, vous serez comblés. La mer sans étoiles est une ode aux amoureux des livres, un conte merveilleux.

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La Fille du Vent, Tome 3,

La Fille du Vent, Tome 3

écrit par Cécile Dorémus chez Rebelle Editions

“N’oublie pas d’avoir foi en ta destinée… Le vent te portera”

Résumé

Après de nombreuses épreuves, Kyria a enfin pu accéder à la signification du troisième tome de la prophétie. Le verdict est sans appel : elle doit retourner à Nisuve pour détruire le Listarc, le joyau le plus puissant de tous les temps. Mais sa mission exige d’importants sacrifices… Pour aller au bout de sa quête, le vent lui demandera d’affronter ses peurs les plus sombres. Jusqu’où devra-t-elle aller pour accomplir sa destinée ?

Avis


Quel bonheur de retrouver Kyria, Luka, Seth, Faustine et toute l’équipe ! La route est encore longue pour Kyria afin de détruire le Lirstac et accomplir la prophétie. Cécile donne du fil à retordre à nos protagonistes : Le deuil, la famille, autant de thématiques qui impliquent des décisions et des choix importants pour leurs destinées mais leurs solidarités et leurs courages sont exemplaires. Ici , Kyria renoue avec son don de communiquer avec le vent et en ressort grandit. Plus elle avance vers son but afin de libérer les peuples endoctrinés sous le joug de Cardose, plus elle s’affirme. Elle est prête à sauver le monde au point d’y laisser sa vie. Sa sensibilité la met à rude épreuve mais son bon sens pour la survie du monde la rend humaine, attachante. Elle m’a émue à plusieurs reprises. C’est un vent de douceur dans une enveloppe de tendresse que l’autrice nous conte leurs aventures avec toujours cette part de bienveillance, de sagesse et de maturité. J’ai beaucoup aimé l’épilogue qui nous laisse sur une fin ouverte. Peut-être aurons-nous une suite?

Etes-vous prêt(e)s à suivre les aventures de Kyria ?

Une belle trilogie que je vous recommande chaudement.

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La fille dans la tour

La fille dans la tour,

écrit par Katherine Arden, aux éditions Denoël

“Dans une forêt, en pleine nuit, une jeune fille chevauchait un cheval bai. La forêt n’avait pas de nom. Elle était située très loin de Moscou – très loin de tout – et l’on n’entendait que le silence de la neige et les bruissements des arbres gelés.

Il était presque minuit, cette terrifiante heure magique, dans cette nuit que menaçaient le froid, la tempête et les profondeurs d’un ciel aveugle. Et pourtant, la jeune fille et son cheval progressaient à travers les arbres, obstinément.”

Résumé

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

Avis


Contrairement au tome 1, La fille dans la tour nous fait découvrir la Moscovie médiévale, avec ses contes et légendes empruntés au folklore, basé sur des faits historiques. Dans une langue fluide et ensorcelante, l’auteure nous livre une description documentée de la russe médiévale, d’ intrigues et de rivalités politiques au moment où la Russie est un état vassal de l’état Tatare. Il est question aussi d’esprit et de dieux disparaissant peu à peu devant la puissance de la religion chrétienne. Les êtres surnaturels s’amenuisent au détriment des chrétiens qui ne croient plus en leurs existences. L’auteure nous dépeint l’existence des femmes aristocrates recluses dans leur terem, d’enjeux politiques sans que le récit soit lourd ni ennuyeux et d’héritage familial. Ce deuxième opus est une réussite et une belle découverte qui m’a beaucoup séduite. Après les événements survenus dans son village, Vassia est partie à l’aventure dans les forêts froides pour découvrir le monde. Vassia n’étant pas disposée à suivre les directives de cette société, elle se déguisera en garçon et engendra sur son passage des situations impossibles. Impétueuse et aussi fougueuse que son cheval magique, Vassia nous entraîne dans une épopée riche en rebondissement avec un rythme trépidant. Sans oublier Morozko pour qui j’ai une certaine fascination. Pour notre plus grand bonheur, le démon du gel devient un personnage complexe qu’il en est attachant.

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Les yeux du vide

Les yeux du vide, écrit par Élodie Loisel

“Sous les brumes argentées de couleur et de vie, se cache paisiblement l’ultime destin. Les pleurs silencieux des cyprès maudits, Chantonnent les ritournelles d’un manège sans fin.Un hymne, un chant, une prière s’élèvent, Le temps commence là où tout s’achève. Sur les marbres arborés de multiples visages, il ne restera de nous que le décompte de notre âge. Les rayons de la lune frôlent les tombes, Et la porte des mystères de l’autre monde. Entre les sépultures des défunts oubliés, il ne restera de nous que le souvenir du passé. Dans le brouillard et la pluie où danse la pénombre, Près de la nuit ou du jour, entre l’hiver et l’été, Plus rien ne perturbe le soir de cette immensité, Il ne restera de nous que le reflet de notre ombre. L’esprit froid, figé, à jamais perdu, Écoute au loin, une fois encore, le carillon teinter. Le sacre de la liturgie scelle cette austère statue, De ce corps fatigué par l’âme qu’il a dû porter. Dans les tréfonds de ma mémoire endeuillée, À tailler sur le bois de mon cercueil, A graver sur l’acier de ma croix, Ne restera de moi, Que l’amour que je t’ai donné.”

Résumé

Le 21 octobre 2014 à 15H55, le corps de Lucie Morin, âgée de 16 ans, est retrouvé dans le Saint- Laurent non loin de Montréal. Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2014, Cassy Kérié, jeune diplômée en médecine, célibataire de 27 ans voit sa vie bousculer lorsqu’elle est kidnappée et séquestrée dans un lieu nommé Silver Creek, un chalet de pêche dans le nord du Québec. Elle réussit à s’échapper. Lors de sa déposition, la jeune femme apprend que la maison où elle était retenue prisonnière a été détruite deux ans plus tôt par un incendie. D’un esprit rationnel, Cassy va être confrontée à des forces surnaturelles qui la dépassent quand elle s’aperçoit que Silver Creek a été la scène de crimes effroyables et sordides où cinq adolescentes ont perdu la vie. Déterminée à résoudre l’enquête, elle va devenir la proie d’une machination meurtrière. Et découvrir à ses dépends qu’il vaut mieux parfois laisser enterrer les secrets de famille. Cassy est-elle réellement sortie indemne de cette nuit traumatisante ? A-t-elle établi un lien avec le tueur défunt ?

Mon avis


Dès les premiers chapitres, le suspense est haletant. L’auteure réussit à mener son histoire tambour battant dans un thriller psychologique alliant avec forte dose le paranormal. Les personnages sont vraiment approfondis et le récit est riche de subtilité pour tromper le lecteur. Les chapitres défilent vite et au fur et à mesure les personnages se révèlent tous comme des potentiels suspects. Cassy enquête sur le meurtre de cinq jeunes filles et nous évoluons avec elle au fil de cette lecture par des révélations toujours surprenantes, ce qui rend la lecture vraiment addictive. D’histoires de famille enfouis à des meurtres aux atrocités sordides qui nous mène dans la ville maudite de Yukiton. J’ai essayé de lire modérément pour prolonger le plaisir mais impossible de résister à la plume de l’auteure et de connaître le dénouement de l’histoire. Par contre, j’ai trouvé la fin un peu trop rapide à mon goût.

Les contes d’ Elfëllía

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Murmures de l’océan

Murmures de l’Océan

écrit par Ophélie Duchemin aux Éditions Plume blanche

“Le chant qui s’éleva des abysses fut comme ces rêves qu’on ne capturait jamais vraiment, ces fils oniriques qui tissaient la toile d’une histoire qui avait franchi toutes les barrières, celles des Hommes et de la mer, tandis que les murmures de l’océan emportaient avec eux cet amour né de deux âmes liées par-delà les mondes.”

Résumé

Haine. Vengeance. A l’heure où la voix de l’océan lui a été arrachée, emportant son innocence et sa naïveté, Ayleen foule à nouveau la terre des Hommes, prête à tout pour retrouver ceux qui ont anéanti son existence. Mais quand le destin la ramène vers Éric, celui qu’elle fuit depuis si longtemps, le cœur des abysses s’apprête à se soulever en un chant funèbre, menaçant de détruire tout ce qu’elle est… jusqu’à son âme

Avis


Un livre où les émotions vous prennent à la gorge au risque de vous noyer dans les sanglots de l’océan tant Ayleen et Éric nous touchent par leurs troubles passés et leurs traumatismes. J’ai beaucoup aimé comment l’auteure nous décrit la blessure du rejet, c’est tellement réaliste. J’ai ressenti de l’affection pour Ayleen tant elle est vibrante de caractère, de force et de fragilité. Eric est authentique, d’une sincérité pure et on apprécie sa compagnie. Deux caractères différents que tout oppose liés par un lien d’âme et dont la vengeance brûle entre leurs mains. L’auteure nous surprend par cette impossible histoire d’amour, poignante de vérité tant les sensations sont décuplées par la magnifique plume poétique et les métaphores employées. Si bien que cette histoire d’amour prend tellement d’importance que j’ai trouvé dommage que l’intrigue principale soit laissé en suspens pendant une bonne moitié du livre. Ça m’a fait pareil avec le premier tome, c’était redondant à souhait et casse la dynamique de lecture. C’est mon ressenti mais au delà de ça, ce livre est une merveille et la meilleure réécriture de conte que j’ai lu à ce jour. Si vous voulez une belle réécriture de la petite sirène, plongez aux côtés d’Ayleen dans les profondeurs abyssales au risque de perdre votre âme pour toujours.

Les contes d’ Elfëllía