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L’hiver de la sorcière

L’hiver de la sorcière,

écrit par Katherine Arden

« Peut-être que nous pourrons former un pays en secret, un pays d’ombres, derrière et en dessous de celui de Dimitri. Parce qu’il devra toujours y avoir un pays pour les tchiorti, pour les sorcières et les ensorceleurs, et pour les partisans de la forêt ».

Résumé

Moscou se relève difficilement d’un terrible incendie. Le grand-prince est fou de rage et les habitants exigent des explications. Ils cherchent, surtout, quelqu’un sur qui rejeter la faute. Vassia, avec ses étranges pouvoirs, fait une coupable idéale. Parviendra-t-elle à échapper à la fureur populaire, aiguillonnée par père Konstantin? Saura-t-elle prévenir les conflits qui s’annoncent? Arrivera-t-elle à réconcilier le monde des humains et celui des créatures magiques? Les défis qui attendent la jeune fille sont nombreux, d’autant qu’une autre menace, bien plus inquiétante, se profile aux frontières de la Rus’.

Avis


L’hiver de la sorcière est un entrelacs de passion et de colère, de peur et d’espoir fragile J’ai été emporté dans l’histoire comme le courant de la rivière jusqu’à la dernière ligne. J’ai adoré plonger dans la Russie Médiévale, découvrir les esprits du Folklore mélangée à une trame historique et une touche de poésie. Le conte est omniprésent dans ce tome : les chevaux qui deviennent oiseaux, la minuit qui devient un lieu, un fabuleux champignon qui prend part à la sauvegarde de la Russie. Vassia gagne en maturité et s’affirme tant elle se sent impliquée par les événements. Elle n’hésite pas risquer sa vie pour sauver ce qu’elle aime. On tremble à ses côtés mais chacune des situations la rend encore plus forte. Je suis passée par toutes les émotions. Entre Sacha et Soloveï, leurs relations m’ont percées le cœur. Cette lecture me laisse un grand vide tant j’ai été imprégné par les personnages, l’atmosphère. Cette collision entre le chaos et la magie, c’était violent et beau à la fois.

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La fille dans la tour

La fille dans la tour,

écrit par Katherine Arden, aux éditions Denoël

« Dans une forêt, en pleine nuit, une jeune fille chevauchait un cheval bai. La forêt n’avait pas de nom. Elle était située très loin de Moscou – très loin de tout – et l’on n’entendait que le silence de la neige et les bruissements des arbres gelés.

Il était presque minuit, cette terrifiante heure magique, dans cette nuit que menaçaient le froid, la tempête et les profondeurs d’un ciel aveugle. Et pourtant, la jeune fille et son cheval progressaient à travers les arbres, obstinément. »

Résumé

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

Avis


Contrairement au tome 1, La fille dans la tour nous fait découvrir la Moscovie médiévale, avec ses contes et légendes empruntés au folklore, basé sur des faits historiques. Dans une langue fluide et ensorcelante, l’auteure nous livre une description documentée de la russe médiévale, d’ intrigues et de rivalités politiques au moment où la Russie est un état vassal de l’état Tatare. Il est question aussi d’esprit et de dieux disparaissant peu à peu devant la puissance de la religion chrétienne. Les êtres surnaturels s’amenuisent au détriment des chrétiens qui ne croient plus en leurs existences. L’auteure nous dépeint l’existence des femmes aristocrates recluses dans leur terem, d’enjeux politiques sans que le récit soit lourd ni ennuyeux et d’héritage familial. Ce deuxième opus est une réussite et une belle découverte qui m’a beaucoup séduite. Après les événements survenus dans son village, Vassia est partie à l’aventure dans les forêts froides pour découvrir le monde. Vassia n’étant pas disposée à suivre les directives de cette société, elle se déguisera en garçon et engendra sur son passage des situations impossibles. Impétueuse et aussi fougueuse que son cheval magique, Vassia nous entraîne dans une épopée riche en rebondissement avec un rythme trépidant. Sans oublier Morozko pour qui j’ai une certaine fascination. Pour notre plus grand bonheur, le démon du gel devient un personnage complexe qu’il en est attachant.

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Murmures de l’océan

Murmures de l’Océan

écrit par Ophélie Duchemin aux Éditions Plume blanche

« Le chant qui s’éleva des abysses fut comme ces rêves qu’on ne capturait jamais vraiment, ces fils oniriques qui tissaient la toile d’une histoire qui avait franchi toutes les barrières, celles des Hommes et de la mer, tandis que les murmures de l’océan emportaient avec eux cet amour né de deux âmes liées par-delà les mondes. »

Résumé

Haine. Vengeance. A l’heure où la voix de l’océan lui a été arrachée, emportant son innocence et sa naïveté, Ayleen foule à nouveau la terre des Hommes, prête à tout pour retrouver ceux qui ont anéanti son existence. Mais quand le destin la ramène vers Éric, celui qu’elle fuit depuis si longtemps, le cœur des abysses s’apprête à se soulever en un chant funèbre, menaçant de détruire tout ce qu’elle est… jusqu’à son âme

Avis


Un livre où les émotions vous prennent à la gorge au risque de vous noyer dans les sanglots de l’océan tant Ayleen et Éric nous touchent par leurs troubles passés et leurs traumatismes. J’ai beaucoup aimé comment l’auteure nous décrit la blessure du rejet, c’est tellement réaliste. J’ai ressenti de l’affection pour Ayleen tant elle est vibrante de caractère, de force et de fragilité. Eric est authentique, d’une sincérité pure et on apprécie sa compagnie. Deux caractères différents que tout oppose liés par un lien d’âme et dont la vengeance brûle entre leurs mains. L’auteure nous surprend par cette impossible histoire d’amour, poignante de vérité tant les sensations sont décuplées par la magnifique plume poétique et les métaphores employées. Si bien que cette histoire d’amour prend tellement d’importance que j’ai trouvé dommage que l’intrigue principale soit laissé en suspens pendant une bonne moitié du livre. Ça m’a fait pareil avec le premier tome, c’était redondant à souhait et casse la dynamique de lecture. C’est mon ressenti mais au delà de ça, ce livre est une merveille et la meilleure réécriture de conte que j’ai lu à ce jour. Si vous voulez une belle réécriture de la petite sirène, plongez aux côtés d’Ayleen dans les profondeurs abyssales au risque de perdre votre âme pour toujours.

Les contes d’ Elfëllía

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Rose Eternelle

Rose Eternelle,

écrit par Ophélie Duchemin , aux Editions Plume Blanche

« Les larmes ne s’arrêtaient pas de couler et traçaient des sillons salés sur ses joues blêmes. Sa respiration haletante résonnait à ses oreilles. Sa poitrine se soulevait rapidement sous ses sanglots heurtés. Ses cheveux collaient à son front et retombaient sur son visage. Ses mains tremblaient si fort qu’elles ne pouvaient plus rien retenir.

Tant de souffrance…

La douleur menaçait de l’entraîner vers l’abysse. Ses yeux brouillés ne voyaient plus rien… rien hormis cette mare de sang que la neige, si blanche à côté, ne pouvait absorber.

Par Freyja, il y avait tellement de sang. Ses paupières se fermèrent. Un cri rauque déchira sa poitrine. Si elle avait su… Si elle avait su ce jour-là, aurait-elle ouvert cette porte close ? Si elle avait compris qu’une telle souffrance l’attendait, aurait-elle laissé cet amour la submerger ainsi ?

Si seulement elle avait su… »

Résumé

Trahison. Complots. Voilà que le destin guide les pas de Méliane aux pieds de la Mérilara, ce mystérieux arbre couvert de roses, protecteur et gardien d’une famille royale déchue. Dans l’ombre, rode la Bête, monstrueuse et redoutable, que Méliane devra apprivoiser pour sauver les siens.« Il ressemblait à un prédateur. Dangereux, sauvage et il était aussi autre chose. Quelque chose d’indéfinissable. »

Avis


« Aime et sois aimé en retour, ou tu connaîtras l’abysse de la solitude pour toujours »

Au premier abord, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire tant l’écriture me paraissait lourde mais une fois plongé dedans, ce conte est encore mieux que l’original. L’auteur a savamment dosé son imagination à celui de la belle et la bête pour nous offrir un savoureux mélange inédit en gardant les grandes lignes. Le roman est teinté d’une poésie sombre, plus machiavélique avec des complots tarabiscotés en traitant de sujet comme la violence, le viol, la prostitution, la trahison. Rien est laissé au hasard, tout est bien ficelé. Les émotions sont transcendées , ce qui donne au personnage de la profondeur, du réalisme et une nouvelle dimension.

En outre, j’ai eu du mal avec le style de l’écriture trop détaillée qui selon moi cassait le rythme de la lecture et de l’action. Il aurait été pertinent de faire des phrases plus courtes et d’enlever un certains nombres d’adverbes qui alourdissaient le texte à mon sens.

Au delà de ça, l’objet livre est magnifique. J’ai aimé les différentes chutes et clins d’œil de certains contes, qui laisse une porte entrouverte pour d’autres histoires. Le dénouement de fin nous laisse présager une suite des plus prometteuses.



Les contesd’ Elfëllía
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Le prince Cygne

Le prince Cygne, Contes des royaumes oubliés, Tome 2

Ecrit par Isabelle Lesteplume aux éditions MxM Bookmark,

Siegfried courait. Il ne savait pas pour où, il ne savait pas depuis quand, il ne savait que ce qu’il fuyait : un champ de bataille, une terre gorgée de sang, les formes déchirées des corps entassés et le visage de sa meilleure amie au milieu des cadavres, éclaboussé de boue pourpre, les yeux grands ouverts, fixes, si fixes…

Il essayait de courir plus rapidement que les larmes qui barraient ses joues de cicatrices argentées, à la fois brûlantes et glacées. S’il allait assez vite, peut-être qu’elles finiraient par s’arracher, qu’il réussirait à les semer, elles et toute la douleur, toute la violence et l’absurdité…

Mais nul ne courait assez vite pour ça.

Résumé

Il était une fois deux royaumes amis, que la disparition d’un prince précipita dans une guerre sans merci. Dix ans plus tard, Siegfried, héritier du trône, écrasé par ses responsabilités et déchiré par la perte de ses proches, fuit la bataille en s’engouffrant dans une forêt dite maudite. Il y rencontre Ode, un jeune homme ensorcelé, cygne le jour, humain la nuit, dont le visage lui semble étrangement familier. Qu’est-il réellement arrivé au prince disparu ? Quel rapport avec ce bal dont Siegfried ne cesse de rêver ? Alors qu’ils se penchent sur ces mystères, une ombre rôde, tout près. Humain ou monstre, souvenir ou simple cauchemar, derrière tout cygne blanc se trouve un cygne noir…

Avis


Il s’agit d’un ballet inspiré d’une légende allemande.

L’auteure a su revisiter à merveille l’histoire grâce à sa plume et insuffler un renouveau. Isabelle Lesteplume a su donner vie et poésie et s’apprivoiser l’histoire. L’écriture est fluide et très imagée ce qui permet une immersion dès les premières pages. Le début est lent mais j’ai apprécié chaque moment. La première partie est toujours plus lente pour installer l’univers, les personnages et le décor. Au deux tiers du livre, j’ai aimé les multiples rebondissements. On sent que l’auteure s’amuse et c’est un plaisir de découvrir à la fois la vie de château, la vie des déserteurs. Les personnages principaux et secondaires sont attachants. Il se dégage de ce livre une poésie, une magie enchanteresse, un chant envoûtant comme un rêve qui se finit trop tôt. Les émotions sont bien retranscrites. La romance est comme je les aime, marqué de petites intentions qui font que l’on ressent vraiment le lien qui unit Ode et Segfried. J’ai aimé leur complémentarité. Seul bémol, J’ai trouvé la fin trop rapide, et j’aurais presque préféré une fin tragique. L’intrigue est peut-être trop prévisible mais on se laisse emporter par la beauté des lieux, par le lac, les personnages, la douceur du cygne blanc, la romance douce, les rencontres fortuites au milieu de la nuit. Je n’ai pas senti de longueur et c’est à regret que j’ai refermé ce livre.

Une agréable lecture que je conseille fortement.